Carnet de Court-Circuit

Comme c’est une question qui revient souvent, voici le lien pour commander mon dernier livre le Carnet de Court-Circuit et le recevoir rapidement au format papier:

https://www.amazon.fr/Carnet-court-circuit-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Bernicot/dp/2414178779

Au format numérique :

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Voici le quatrième de couverture :

« Dans mon enfance, il m’est arrivé d’avoir ce que j’appelle des « microcoupures », très courtes, sans incidence ; aux autres inaccessibles. Elles intervenaient en intérieur, sous l’impulsion d’un éclairage puissant, artificiel.

C’était comme si le temps, d’ordinaire continu et plein, s’ouvrait. Le corps figé une seconde, je plongeais dans un autre état, vers des profondeurs insondables, d’où je ne pouvais retenir aucun souvenir, ramener aucune image.

Où allais-je ? »

Ce journal fictif, qui précède et accompagne les événements de janvier 2015, questionnera avec une mauvaise foi poétique notre rapport à l’idéologie, à la création et à la littérature, à l’utopie et à l’amitié, à la maladie et à la mort.

Frédéric Bernicot est docteur en pharmacie. Après Le Gardien du dernier poison, il poursuit avec le Carnet de Court-circuit son exploration littéraire de l’existence humaine.

Le gardien du dernier poison

Suite à quelques demandes, voici quelques éléments sur mon livre le Gardien du dernier poison 

« Si la signification du terme suicide est universelle […] je préfère parler d’autolyse pharmaceutiquement assistée […] ce qui signifie la mort de soi-même, par soi-même, via l’administration d’un poison délivré sous la responsabilité d’un pharmacien, ceci étant bien sûr illégal dans notre pays, même s’il n’est pas illégitime d’y penser… »

Cette fiction, liée à une quête de philosophie existentielle, conduira François Mével, pharmacien condamné par la maladie, à dépasser la contradiction présente dans le mythe de Sisyphe ; mais par quelle voie – la révolte, la résignation… – réussira-t-il à briser ou, simplement, à confirmer la parole d’Albert Camus : « Tout l’être s’emploie à ne rien achever » ?

https://www.edilivre.com/le-gardien-du-dernier-poison.html…

Cinq conseils puissants pour écrire un premier livre

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De votre plume forgée, jaillira votre langue!

Bien que pour certains évidents, ces conseils sont puissants dans le sens où ils peuvent être lus et relus, dans la mesure où ils peuvent être utilisés pour un second livre ou par un auteur confirmé, enfin car ils incitent à l’innovation, à la création d’une voie d’écriture propre et non à la répétition ou à l’imitation.

1- Écrire ce que l’on connaît, savoir de quoi l’on parle

Pour mon premier livre publié, j’ai pris comme personnage un pharmacien (je suis docteur en pharmacie). Ainsi, je n’ai pas eu besoin de faire beaucoup de recherches et j’ai pu me consacrer à la conception de mon histoire et à l’écriture du texte. De plus, cela m’aura conféré de l’autorité lors de l’édition et de la promotion.

Contre-exemple 1 : travailler pendant des années sur un sujet qui le nécessite et réussir un coup de maître: je pense, entre autre, aux Les Bienveillantes du très vite grand Littell.

2- Avoir confiance en son potentiel créateur

Même si vous n’avez pas encore écrit de gros pavé, il faut un début à tout. Vous avez des histoires à raconter, sans doute de belles choses à apporter au monde, et elles ne demandent qu’à sortir. Tentez de lire, et de croire en vous-même, avant d’écrire!

Contre-exemple 2 : avoir confiance en soi : pas si évident, pensez à Flaubert avant d’écrire ses premiers grands textes, l’un des maîtres du doute en soi, en littérature.

3- Réfléchir d’abord, renseignez-vous, mais pas trop longtemps

Vous pouvez chercher la structure de votre histoire, vos personnages, vos situations, élaborer un plan, faire des recherches sur le sujet que vous souhaitez aborder, étudier la dramaturgie, le storytelling, vous pouvez lire d’autres auteurs, etc. mais surtout ne tardez pas à écrire; car c’est en écrivant qu’on devient écrivain. Cela peut sembler évident, mais c’est en remettant sans cesse son métier que l’on progresse et que l’on avance.

Contre-exemple 3 : n’écrire qu’un livre, mais attendre sa docte vieillesse (qui vient avec sagesse) pour s’assurer qu’on (ce grand con) est prêt à l’offrir au monde, cette oeuvre d’art qui viendra accomplir une existence

4- Écrire simplement, être soi-même, authentique

Lancez-vous, même si vous ne connaissez encore les tenants et les aboutissants de votre récit, même si vous ne connaissez votre style. Il sera temps ensuite de corriger la structure, de retravailler votre syntaxe, d’enrichir votre vocabulaire. Laissez-vous aller et autorisez-vous à écrire simplement pour le premier jet, comme vous êtes, comme les choses vous viennent.

Bref, ouvrez-vous au monde! vous pourrez ensuite rectifier le tir.

Contre-exemple 4 : Est-on jamais soi-même? l’authenticité n’est-elle pas une illusion? N’y a-t-il pas un grand auteur qui continuait à se peindre en mouvement, portant un médaillon où était inscrit: « Qui suis-je? », un sceptique que tout le monde connaît et qui porte le nom de Montaigne?

5- Écrire régulièrement

En particulier au début, prenez l’habitude d’écrire régulièrement; instaurez un rituel (bureau, café, crayon ou clavier, etc comme vous voulez, comme vous le sentez).

Le cerveau se muscle avec l’habitude et vous serez surpris de ce que vous écrirez. Ce sera d’ailleurs le charme principal de cette aventure : ne pas nécessairement savoir où vous allez, mais savoir que vous allez, que vous vous en tirerez si vous gardez foi en vous.

Contre-exemple 5 : voyez Salinger, plus d’entretien et pas un seul livre en quarante ans;

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Conseil subsidiaire : il vous faudra RECOMMENCER!

L’enjeu ne doit pas vous empêcher d’écrire. La finalité de l’écriture non plus. Le plus important au départ est d’écrire.

Bien entendu, personne ne vous obligera à publier votre premier écrit.

Prenez de la distance, surtout si vous pensez qu’il est génial ou nullissime; relisez-vous quelques semaines plus tard, faites-le lire par une personne expérimentée et non complaisante.

Il est tout à fait possible que votre premier écrit ne soit pas un chef d’oeuvre. Alors, il vous faudra recommencer. Une fois encore, c’est en écrivant…

Et si vous avez la chance de connaître le succès, là-aussi, vous serez tenté de recommencer.

Donc, quoi qu’il en soit, vous réécrirez, et, vraisemblablement, vous progresserez.

Pour finir le conseil (mal placé) d’Ernest Hemingway à Scott Fitzgerald :

« Écrire, encore écrire; des mauvais livres naîtront les bons livres, et à la fin tout ira bien. »

C’est tout ce que je vous souhaite.

Alors, à vos plumes et à vos claviers!

(Crédit photographique : https://pixabay.com/fr/users/422737-422737/)

Quelle est la différence entre un texte puissant et un texte inoubliable?

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(crédit photographique : Petra  Österreich https://pixabay.com/fr/users/Pezibear-526143/)

Voilà une question fondamentale. Car y répondre donne justement des clés pour écrire des textes puissants, et qui sait, peut-être un jour inoubliables.

Alors qu’est-ce qui rend un texte inoubliable?

Il y a selon moi plusieurs éléments et il est très difficile d’être exhaustif. Je vais donc donner déjà ma définition d’un texte puissant, pour la littérature de fiction notamment, même si bien évidemment elle ne sera pas la même pour un autre écrivain ou un critique, même si elle peut, aussi, être discutée pour d’autres genres : essai, biographie, mémoires, témoignage, etc.

Un texte puissant est un texte qui donne une impression durable, bien après la lecture, une impression parfois lancinante. Un texte unique que nul autre que son auteur (une fois identifié) n’aurait pu écrire, donc non reproductible de ce point de vue, bien que falsifiable. Je reviendrai là-dessus.

Un texte inoubliable est un texte qui résiste durablement à l’analyse, qui résiste à la critique, à une seule et unique interprétation. Un texte que l’on se doit même de relire dans une vie, et qui malgré cette nouvelle tentative, se dérobera encore en tant qu’il offrira, à chaque lecture, une nouvelle richesse, des perspectives insoupçonnées.

Mais un texte puissant, aussi puissant soit-il, devra se confronter à l’épreuve du temps, pour savoir s’il est durable dans un temps plus long, s’il dépasse les contingences de son époque.

Je vais prendre un exemple : il y a quelques mois, un auteur que je venais de rencontrer avait lu et relu mon premier livre publié Le gardien du dernier poison. De ses propres mots, il avait trouvé le texte « puissant ». Je lui avais demandé ce qu’il entendait par là, car il était allé jusqu’à comparer le niveau de mon texte à ceux de Camus et Kafka, ce qui m’avait surpris. Mais il n’avait pas su me répondre avec précision.
Depuis, je me suis souvenu qu’il avait relu le livre plusieurs fois (il est assez court et dense) et qu’il en avait à chaque fois retiré, découvert quelque chose de nouveau. D’autres lecteurs m’avaient déjà fait la même remarque, une lectrice m’avait dit par exemple :

« Ah! je l’ai relu et je ne l’avais pas vu comme ça la première fois. »

 

Il n’est donc pas impossible que selon le critère principal retenu (texte offrant une relecture différente) le gardien soit un texte puissant.

Mais dépassera-t-il les contingences de notre époque? Le livre aborde la question de la fin de l’existence. C’est l’histoire d’un pharmacien qui, condamné par la maladie, va peut-être devenir, pour l’un de ses patients, le gardien du dernier poison, celui qui donne la mort. Le livre questionne d’un point de vue philosophique, sans prendre parti (que ce soit pour le suicide, l’euthanasie ou les soins palliatifs) et surtout sans achever le questionnement.
Difficile donc de répondre à cette question de l’évolution du texte et de son accueil futur; « wait and see » comme disent nos amis anglophones, même il est possible de prendre les paris, d’anticiper :

Pour le devenir en texte inoubliable :
– le thème est universel, la fin de vie pour l’instant concerne chaque individu, quelque soit son époque. Je dis pour l’instant, car un jour l’homme sera peut-être immortel!
– les questionnements subsistent, et subsisteront sans doute encore longtemps : interrogations morales et métaphysique (sur la fin de l’existence, la possibilité et la réalité d’un au-delà)

Contre:
Le gardien est encore méconnu du grand public et il le restera peut-être;
– la question de la fin de la vie pourrait un jour se résoudre définitivement (même si j’en doute pour des raisons morales et existentielles);
– les qualités d’écriture rendront le texte caduque et imbuvable à l’avenir;
– au regard des mutations actuelles, le texte peut disparaître pour des raisons matérielles, technologiques par exemple, indépendantes de ses qualités; de même l’homme sera amené à évoluer, il faudrait alors reposer la question : « Qu’est-ce que l’homme? » et  » Qu’est-ce que lire en 4016?!!! », etc. mais cela nous emmènerait un peu trop loin dans la spéculation.

Voici d’autres exemples qui me viennent à l’esprit:
– les deux grands poèmes d’Homère offrent une richesse, qui ne s’est jamais démentie depuis plus deux millénaires
– plus récemment, les romans de Kafka, en particulier « le procès » et surtout « le château », qui ont dépassé (pour certains critiques anticipés!) les événements historiques du siècle dernier, postérieurs à leur écriture;
Don Quichotte, livre 1, qui fut falsifié (il y eut une suite d’au moins un autre auteur que Cervantès avant que ne soit publié le second livre) sans qu’il ne soit reproductible dans sa nouveauté, nouveauté qui continue à être commentée.

En résumé, le texte puissant doit donc subir le feu du temps pour savoir s’il va devenir inoubliable, c’est-à-dire rester vivant dans les mémoires, les imaginations et les discussions ultérieures.

Et vous? Quels sont les textes inoubliables que vous avez lus et relirez? Qu’est-ce qui rend un texte inoubliable selon vous?

Vous pouvez déposer un commentaire.

Le coup de fil de Maurice G. Dantec

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Hier soir, j’ai appris la mort de l’écrivain français Maurice G. Dantec, avec stupéfaction, tant il était déjà pour moi immortel.

Pour l’anecdote, un jour je tombe sur l’une de ses nouvelles : « Dieu porte-t-il des lunettes noires? ». J’étais alors un tout jeune scénariste, et je cherchais une histoire à adapter pour un court-métrage. Et sa nouvelle avait un potentiel visuel et philosophique important!
J’écris alors très vite, en m’inspirant de cette histoire puissante, un scénario, puis une deuxième version que je baptise « Au berceau du mal », titre voisin de son roman « Aux racines du mal ».
Pour des raisons de droit et par courtoisie, j’envoie, via son éditeur, une lettre à Dantec lui indiquant que je souhaite faire un court à partir de sa nouvelle, et je lui joins le scénario. Je sais alors pourtant que l’écrivain est difficile à contacter, surtout depuis son transfert vers le Nouveau-Monde, à Montréal.

Quelques mois plus tard, au volant de ma voiture, je reçois un coup de fil. Je décroche, et j’entends une voix grave et tranquille qui me dit:
– Bonjour c’est Maurice Dantec.
Gros silence!
Je parviens tant bien que mal à garer la voiture sur le bas-côté. Je l’entends:
– Ce n’était pas ce que je voulais dire…
– Merci de m’appeler, fais-je en le coupant, sous le coup de l’émotion.
– Non, non, poursuit-il, modeste et gêné. J’avais en fait voulu montré que…
Et il part dans des considérations historiques et philosophiques très complexes, comme dans son essai « Théâtre des opérations, laboratoire de catastrophe générale », qui je l’avoue m’échappent au début sous le coup de la surprise. J’entends pourtant sa voix dérouler son propos.
Et je ne dis rien, si ce n’est que je le remercie encore une fois de m’avoir appelé. Je le gêne c’est certain mais, déterminé, il continue, développe comme s’il parlait à l’un de ses confrères, à quelqu’un d’assez fin pour comprendre sa pensée et – chose extraordinaire – comme s’il cherchait à se justifier, à défendre son point de vue.
Bien sûr, le scénario que j’ai écrit diffère beaucoup de la nouvelle, il reflète mes questionnements philosophiques, mon rapport à l’histoire, bref ma conception du monde, mais il s’abreuve tout de même dans cette source que constitue la prose de Dantec.
Je l’écoute en silence, religieusement. Je comprends alors ce qu’il avait voulu écrire, et qu’il a réussi à écrire (j’en ai eu par la suite confirmation en le relisant). Simplement ma lecture aura été différente.
C’est alors que Dantec conclut par un magistral : « Mais je ne vous empêcherai pas de faire votre film ». Puis il raccroche tranquillement, avant que je ne puisse le remercier encore une fois.

À partir de ce jour-là, j’ai plus ou moins compris, sans le formuler en ces termes, que j’étais moi-aussi un auteur et que j’avais des choses à apporter au monde.
Merci Maurice!

Et vous, qu’avez-vous à donner au monde?